Leçon : L’Allemagne hitlérienne

vendredi 9 septembre 2005
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CHAPITRE 4 : L’ALLEMAGNE NAZIE

I La montée du nazisme en Allemagne

1/ La République de Weimar

Après l’abdication de l’empereur, la république de Weimar naît le 9 novembre 1918. Elle est contestée par l’extrême gauche révolutionnaire (insurrection spartakiste à Berlin en 1919).

Les nationalistes, l’extrême droite et l’armée accusent la République d’avoir « poignardé dans le dos » les combattants en signant l’armistice, le 11 novembre 1918. Beaucoup d’Allemands n’acceptent pas le diktat de Versailles qui rend l’Allemagne responsable de la guerre.

En 1923, l’occupation de la Ruhr par l’armée française, qui veut accélérer le paiement des réparations du Traité de Versailles, déclenche une inflation vertigineuse. L’Allemagne plonge dans la misère. Cela renforce les partis extrémistes. Des Allemands rendent la jeune république responsable de tous ces problèmes.

2/ Hitler

En 1919, il devient le chef d’un petit parti nationaliste : le NSDAP. Il s’inspire du parti fasciste italien au pouvoir depuis 1922. Le 9 novembre 1923, Hitler tente un coup d’Etat (putsch) à Munich avec le service d’ordre du parti nazi, les SA. Il est condamné à la prison. Après 1924, il cherche la conquête légale du pouvoir. Il crée une garde personnelle, la SS.

Dans Mein Kampf, Hitler a des idées racistes, nationalistes et pangermanistes ( tous les allemands doivent être réunis dans un seul Etat). Il prétend que les Allemands sont la race supérieure. Ils doivent éliminer les Juifs, les Tsiganes, les Slaves de race inférieure, les communistes et la démocratie qui sont responsables des malheurs de l’Allemagne. Ils doivent conquérir l’Europe.

Il réunit les mécontents autour du nationalisme, de l’opposition au traité de Versailles, à la démocratie et au communisme, de l’antisémitisme, de la promesse de progrès sociaux. Son discours anticommuniste séduit banquiers et industriels . Les militaires se reconnaissent dans ses propos nationalistes. Par ses talents d’orateur, il impressionne les foules.

3/ La crise économique profite à Hitler

De 1929 à 1932, une grave crise économique cause faillite et chômage. Le départ des capitaux américains provoque la faillite de milliers d’entreprises. La faillite de nombreuses banques affaiblit le mark. Les exportations s’effondrent. En 1932, l’Allemagne compte 6 millions de chômeurs (30% des actifs) contre 600 000 en 1928. Les jeunes et les ouvriers sont les victimes de la crise.

Les républicains au pouvoir ne trouvent pas de solutions. Déçus, les Allemands se tournent vers les partis extrémistes, le parti communiste et le parti nazi. Il promet aux Allemands « du travail et du pain » et l’abrogation du Traité de Versailles.

Il brandit la menace d’une révolution communiste. Les nazis combattent socialistes et communistes grâce à une milice armée, les SA.

Aux élections de 1932, il devient le premier parti du Reichstag. Nostalgiques de l’Empire, les anciens combattants, les petits bourgeois, les ouvriers chômeurs se reconnaissent dans le NSDAP.

Lors des élections présidentielles de 1932, le maréchal
Hindenburg est réélu face à Adolf Hitler qui remporte 37% des voix.

Par peur du communisme et par volonté d’expansion territoriale, l’armée, la droite nationaliste et conservatrice et les milieux d’affaires se rallient à Hitler. Le 30 janvier 1933, le président de la République, Hindenburg, nomme Hitler chancelier. Le dictateur nazi restera au pouvoir jusqu’à sa mort en avril 1945.

II La dictature nazie

1/ Hitler impose la dictature

Le 27 et février 1933, les nazis incendient le Reichstag (l’Assemblée nationale) et en accusent les communistes. L’incendie est un prétexte pour arrêter les communistes, limiter la liberté de la presse.

Le 23 mars, Hitler obtient du Reichstag les pleins pouvoirs. Chaque Allemand lui doit obéissance. Le gouvernement n’est plus réuni. Les élections sont abolies. Le parlement disparaît. Hitler nomme tous les fonctionnaires qui doivent lui prêter un serment de fidélité. Des tribunaux, dont les juges sont agréés par le parti nazi, punissent de mort les opposants.

Toutes les libertés sont supprimées. Hitler interdit les syndicats et les partis politiques en 1933. Les fonctionnaires sont obligés d’adhérer au parti nazi, le parti unique. La terreur politique s’abat sur l’Allemagne. La presse est censurée.

Les œuvres de savants et d’écrivains communistes, démocrates ou juifs sont interdites. Lors de l’autodafé du 10 mai 1933 à Berlin, 20 000 livres sont détruits. Intellectuels et artistes sont menacés. Beaucoup (Albert Einstein, l’écrivain Thomas Mann) fuient à l’étranger.

Les Eglises protestante et catholique n’osent pas s’opposer au régime.

Le 29 et 30 juin 1934, il fait assassiner par les SS, dirigés par Himmler, les chefs SA, lors de la « Nuit des longs couteaux ». L’armée, les hommes d’affaires et les conservateurs sont satisfaits.

Après la mort du président Hindenburg, le 2 août 1934, il devient le maître absolu du pays. Il est le chef de l’Etat (III eme Reich), du gouvernement et de l’armée.

Les SS et la Gestapo (police politique nazie) arrêtent, torturent ou tuent les opposants. Ils sont déportés dans les camps de concentration ouverts dès 1933 avec Dachau. Ils sont soumis au travail forcé, à peine nourris, maltraités et souvent tués. Jusqu’en 1939, un million d’Allemands y sont envoyés.

En moins de 2 ans, Hitler a fondé un régime totalitaire en Allemagne. Sa devise exposée dans son livre Mein Kampf (mon combat) est : Ein Volk, ein Reich, ein Führer (un peuple, un empire, un chef).

2/ Une population embrigadée

Le parti nazi contrôle l’administration, la vie privée, le travail et les loisirs de la population. L’éducation se militarise. Les enseignants non nazis sont chassés. Les enfants et adolescents sont enrôlés dans les jeunesses hitlériennes pour en faire des nazis obéissants et dévoués au Führer. On leur inculque le mépris du faible, le nationalisme, la discipline, le culte du Führer. La femme doit se consacrer « aux enfants, à l’Eglise, à la cuisine ». Le gouvernement favorise la natalité.

La grève est interdite. Goebbels, ministre de la propagande, contrôle les médias, la littérature, les jeux olympiques de 1936... La propagande est incessante pour imposer à la population les idées nazies. Bibliothèques et musées sont expurgés des œuvres des auteurs démocrates ou juifs. Les livres déplaisants aux nazis sont interdits et brûlés en public lors de gigantesques autodafés. Un culte de la personnalité entoure Hitler : il est présenté comme le Führer infaillible pour qui chacun doit se sacrifier.

3/ Un Etat antisémite et raciste

Les nazis pensent que les Allemands sont une «race pure et supérieure » qui doit se protéger des «races impures et inférieures » dont la plus dangereuse est « la race juive ».

Antisémites, les nazis persécutent les Juifs dès 1933. Ils boycottent (refus d’acheter un produit pour manifester son hostilité) leurs magasins. En 1935, les lois de Nuremberg leur enlèvent la citoyenneté. Tout mariage mixte est interdit. Les nazis imposent aux Juifs le port de l’étoile jaune. Un tiers des 500 000 Juifs que comptait l’Allemagne en 1933 a quitté le pays en 1939.

Un pogrom est déclenché le 9 et 10 novembre 1938. Des nazis brûlent plus de cent synagogues, profanent des cimetières, saccagent 7 500 magasins et massacrent des Juifs. 26 000 Juifs sont envoyés dans des camps. C’est la « Nuit de cristal ». On leur interdit presque tous les métiers.

L’Etat assassine les handicapés et enferme les homosexuels dans les camps de concentration. Tziganes (considérés comme « parasites »), mendiants et malades mentaux sont tués.

4/ L’économie dirigée par l’Etat

Hitler prépare l’Allemagne à la guerre. L’armement, l’automobile, les autoroutes, la sidérurgie... bénéficient d’investissements prioritaires. Le chômage est vaincu en 1939 par une politique de grands travaux (logements, autoroutes, ponts ), par la relance de l’industrie, le réarmement, le rétablissement du service militaire. Pour financer les dépenses militaires, l’Etat s’endette fortement et augmente les impôts.

Hitler est populaire. Cette politique économique profite surtout aux industriels. Toute l’économie allemande est tournée vers la préparation de la guerre avec la France et l’Angleterre.

III Vers la seconde guerre mondiale

1/ Une paix fragile

Après 1919, face aux dictatures qui se multiplient en Europe, les démocraties connaissent un fort pacifisme. Les survivants de la Première Guerre mondiale, encore traumatisés, espéraient que la grande guerre serait la « der des der », que la société des Nations (SDN) pourrait éviter les guerres. Mais la crise économique met fin à cet espoir. Le Japon annexe la Mandchourie en 1931. L’Italie conquiert l’Ethiopie en 1935. La SDN est impuissante.

2/ Le réarmement de l’Allemagne : la paix en Europe menacée

Hitler veut effacer l’humiliation du traité de Versailles. Dès son arrivée au pouvoir, il applique Mein Kampf. En 1933, l’Allemagne quitte la SDN. Après 1935, en violation du traité de Versailles (28 juin 1919), Hitler réarme l’Allemagne. Il rétablit le service militaire obligatoire. Le 7 mars 1936, il remilitarise la Rhénanie. C’est une violation flagrante du Traité de Versailles mais la SDN ne réagit pas. La production d’armes modernes (avions, tanks) augmente fortement. Lors de la guerre civile d’Espagne, l’Allemagne et l’Italie aident les rebelles nationalistes du général Franco alors que les démocraties ne soutiennent pas les républicains. Hitler s’allie à l’Italie fasciste et au Japon.

3/ De l’Autriche aux Sudètes

Après un plébiscite, en 1935, la Sarre revient à l’Allemagne. Le 12 mars 1938, l’armée allemande occupe l’Autriche. Hitler proclame l’Anschluss, le rattachement de l’Autriche à l’Allemagne, accepté avec enthousiasme par les Autrichiens.

Hitler réclame le rattachement à l’Allemagne des Sudètes, région de Tchécoslovaquie peuplée de 3 millions de germanophones. Le gouvernement tchécoslovaque refuse.

Lors de la conférence de Munich (29-30 septembre 1938), la France (Daladier, président du Conseil), le Royaume-Uni (Premier ministre Chamberlain) et l’Italie consentent à l’annexion des Sudètes par l’Allemagne par crainte d’une guerre.

Profitant de la faiblesse des démocraties, en mars 1939, au mépris des accords de Munich, l’armée allemande envahit le reste de la Tchécoslovaquie (la Bohême-Moravie).

3/ 1939 : le déclenchement de la guerre

Hitler revendique la Pologne et l’annexion de Dantzig, ville libre du nord de la Pologne peuplée en majorité d’Allemands. Le 1er septembre 1939, l’Allemagne envahit la Pologne isolée. Le 3 septembre, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne. La seconde guerre mondiale commence.


 

 


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